Pour la première fois, une biographie exhaustive vient de paraître sous le titre "Arthur Chaussy, une destinée citoyenne"", avec pour auteur Alain Vivien, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et député de Seine-et-Marne.
L'histoire contemporaine recèle bon nombre de personnalités restées peu connues du grand public.
Parmi elles, Arthur Chaussy (1885-1945) l'un des fameux Quatre-vingts qui refusèrent en juillet 1940, il y a soixante-dix ans, la destruction programmée des institutions républicaines par le tandem Pétain-Laval.
Ce qui frappe dans la personnalité de Chaussy, c'est tout d'abord une fidélité sans faille aux classes populaires. Ouvrier-carrier, fils d'un petit exploitant agricole du Gâtinais, Chaussy fut l'un des très rares députés de gauche issus directement du prolétariat le plus authentique.Il est élu pour la première fois en 1919, alors que la droite et l'extrême droite du "Bloc national" avait remporté une large majorité au Palais Bourbon.
Le Croix de guerre Chaussy se bat pour l'amnistie des soldats victimes des tristes conseils de guerre siégeant de 1914 à 1918.Il organise les premiers syndicats, les premières bourses du travail, se fait le porte parole des ouvriers agricoles honteusement exploités par les grands propriétaires fonciers, fait interdire le "couchage à la paille", obtient après des campagnes d'opinion acharnées l'extension aux salariés ruraux des mesures de protection sociale des ouvriers de l'industrie.
L'un des premiers en France, il dénonce le monopole de la radiodiffusion et dès les années Trente tente de faire émettre une première radio libre.Il soutient et encourage les revendications féministes et notamment leur droit de vote que le Sénat d'alors persiste à refuser aux femmes et qui ne sera obtenu qu'en 1945.Il combat la montée du fascisme en Europe, dénonce les grands industriels nationaux qui pendant l'entre-deux guerres mondiales vendent impunément des produits stratégiques à l'Italie mussolinienne et à l'Allemagne nazie.
Chaussy en juillet 1940 refuse de se soumettre au diktat de Pétain, entre secrètement dans les rangs de la résistance parlementaire, démissionne de son mandat de maire lorsque l'administration de Vichy prétend substituer des maires nommés à ceux qui étaient jusqu'alors élus au suffrage universel.
A la Libération du territoire, il demande au gouvernement la sanction la plus ferme à l'égard des responsables politiques et militaires de la collaboration mais aussi des mesures d'apaisement à l'égard des petits que les malheurs des temps ont égaré. Il récupère ses mandats locaux, mais pour peu de temps. Aux derniers stades d'une grave maladie, il s'éteint à la veille de Noël 1945.En ces temps où la conscience citoyenne est à reconstruire, la vie de Chaussy n'est pas seulement exemplaire. Elle est un antidote efficace contre la politique bling-bling d'une vieille droite provisoirement requinquée et contre les minorités qui continuent à s'enrichir sans pudeur quand la nation globalement s'appauvrit.
L'ouvrage que signe Alain Vivien s'inscrit dans le devoir de mémoire qui fonde les valeurs et la morale républicaines.Voici une étude historique en prise sur l'actualité la plus contemporaine.
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